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Astrovox, une chorale qui trace sa voie

Astrovox, une chorale qui trace sa voie

Voilà trois ans que l’Astrovox a vu le jour. C’est Julie Delanoy, responsable qui en a eu l’idée. L’originalité de cette chorale c’est qu’elle se nourrit de la programmation de l’Astrolabe. A sa tête, Laëtitia Plouzeau, professeur de musique au collège de Sully, trouve les arrangements pour chaque morceau et les fait ensuite apprendre à ses presque 90 chanteurs(euses) divisés en trois groupes : sopranos, les altos et les hommes.

Dès que l’opportunité se présente, l’Astrovox rencontre les artistes dont elle reprend les titres, ce qui donne lieu à des moments et des échanges forts. Aloïse Sauvage, Arthur H, Poésie Zéro et Johnny Jane ont déjà accepté le challenge.

A raison d’une répétition par semaine, l’Astrovox peaufine son riche répertoire avant d’en faire profiter le public lors de restitutions maîtrisées au Ponton, au FRAC ou encore pendant le festival HOP POP HOP.

Le 4 avril 2025, avant son concert à l’Astrolabe, c’est Solann, la lauréate des dernières Victoires de la musique dans la catégorie Révélation féminine qui a écouté l’AstroVox lui interpréter deux chansons de son premier album « Si on sombre ce sera beau ».

Pour en savoir plus, nous avons interrogé les deux piliers de ce projet de chorale atypique : Julie Delannoy (responsable de l’action culturelle et des relations publiques/partenariats) et Laetitia Plouzeau (chef de chœur).

Quelle est la génèse de l’Astrovox ?

Julie : Ca faisait un moment que j’avais ça en tête, de créer une chorale un peu différente, avec des morceaux actuels qui collent à la programmation de l’Astrolabe. On a commencé en 2019 et le COVID est venu nous frapper de plein fouet et la chorale est tombé à l’eau. Laëtitia a compris mon envie de travailler sur ce genre de répertoire, avec des choristes amateurs pour lesquels nous n’avons fait aucune audition ou sélection.

Comment sélectionnez-vous les morceaux que la chorale va interpréter ?

Julie : On pioche dans la programmation de Mathieu Duffaud, le programmateur de l’Astro. Du coup, on écoute chacune de notre côté et on échange beaucoup sur nos coups de cœur. Cette année c’est Solann.

Laëtitia : Il faut aussi que l’on puisse chanter le titre que l’on choisit, que l’on puisse se projeter avec les trois voix de la chorale. Il faut apporter une valeur ajoutée au morceau.

Quel est ton travail une fois que le morceau est choisi ?

Laëtitia : Pour commencer je transcris. J’écris les notes et les accords. Je rédige la partition brute de ce que j’entends dans la version originale. Après, il y a un temps de maturation assez long pendant lequel je vais réfléchir à quelle voix de la chorale je vais donner la mélodie. Ensuite, se pose la question de ce que je vais proposer aux autres voix sachant qu’il y a plein de choix possibles dans un arrangement. En fonction des choix, cela va donner une couleur différente à l’arrangement. C’est tout cela qui est long. Rassembler toutes les idées pour arriver à une entité, à un objet dans lequel tout le monde s’y retrouve. Maintenant que je connais bien la chorale et son répondant, je ne fais quasiment pas de retouches.

Comment gères-tu les différents niveaux de compétences des chanteurs qui sont, rappelons-le, amateurs ?

Laëtitia: J’ai un rendu assez collectif. Ce qui est important c’est de mettre les uns et les autres en confiance, de rassurer. Il y a un échange assez naturel avec les choristes qui n’hésitent pas à me dire s’il y a des doutes sur telle ou telle point. Ce n’est pas vraiment un problème pour moi ces différents niveaux même si certains ont déjà participer à des chorales. C’est ce mélange qui fait la richesse de ce groupe.

Julie : Certains sont dans la chorale pour renouer avec une activité. Il y a donc un volet social dans l’Astrovox. Et puis, il y a également un volet « découverte d’artistes », cette possibilité de partager la programmation autrement avec des personnes qui ne fréquentaient pas l’Astrolabe avant d’intégrer l’Astrovox. Avec ce petit plus qui nous permet de temps en temps de rencontrer les artistes et de chanter devant eux avant leur concert. C’est une vraie fierté de pouvoir proposer ces échanges avec des versions qu’ils n’ont jamais entendues.

 

 

Est-ce facile de convaincre les artistes ?

Julie : En général, ils sont assez touchés par la démarche, mais il y a toujours un palier à passer. L’artiste a un environnement professionnel qui doit être sensibilisé au projet. Ca se passe par mail et ça prend un peu de temps. Quand cela arrive aux oreilles de l’artiste, celui-ci est généralement conquis. Arthur H ne s’attendait pas à ce que notre chorale sonne aussi « pro » alors que nous sommes tous des amateurs.

(Rencontre avec Johnny Jane à Hop Pop Hop (photo astrolabe)

L’artiste est donc au courant des de tout ?

Julie : Non. La surprise reste totale car c’est juste le concept de la rencontre qui est dévoilé. Une fois l’environnement de l’artiste convaincu, ça roule tout seul.

Comment le chef de chœur aborde t-il une rencontre avec un/une artiste ?

Laëtitia : Je suis surtout focalisé sur la chorale avec l’envie de partager ce moment d’aventure humaine. On est simple, on vient comme on est, on fait de la musique ensemble et on va la partager avec un artiste. Il y a une période de gestation assez longue et cette confrontation est comme un accouchement ! Ce jour-là, les rôles sont inversés. L’artiste est en position d’écoute. Qui plus est, je lui tourne lui le dos et je ne perçois pas ses réactions. Je suis focus sur la chorale, il est temps après de débriefer sur ce qu’il s’est passé. Je vois tout cela comme un moment de partage.

Pour la rencontre avec Arthur H, nous avons eu son accord avant que je ne commence à faire les arrangements. Je connaissais la date de l’accouchement alors que la gestation n’était pas encore commencée !

Finalement, il a qualifié de « couillue » l’adaptation de son morceau Addict, une chanson qu’il n’arrivait pas à insérer dans son set.

Quels sont les défis à relever quand on est chef de chœur ?

Laëtitia : Il s’agit surtout de ne pas tourner en rond, d’apporter des choses nouvelles. Le défi est de faire des arrangements intéressants. Il faut qu’à la fin ça fonctionne !

Quels sont vos objectifs, projets à long terme pour l’Astrovox ?

Julie : L’objectif premier est que les choristes prennent toujours autant de plaisir à venir chanter un répertoire qui se renouvelle d’une année sur l’autre, au gré de la programmation. Avec environ 90 choristes, on a atteint notre maximum.

Si on a un nouveau lieu, on pourrait imaginer avoir une chorale Astrovox et une seconde chorale avec une autre thématique comme le chant-signe ou une chorale adolescents.

L’Astrovox a encore de beaux jours devant elle et va peut-être faire naître d’autres façons d’appréhender le répertoire avec une ouverture à d’autres générations.

Extraits du concert au FRAC (crédit S.Bureau et B.Egret)