L’envie d’aller voir ce qui se passe sur les autres scènes de musiques actuelles est grande. Récit d’une soirée en Normandie.
À la veille de son trente huitième anniversaire et à 21 heures pétantes, Miles Kane déboule sur scène sous les acclamations d’un public d’afficionados et devant une salle pleine comme un oeuf. Marcel blanc et pantalon assorti, le natif de Birkenhead, près de Liverpool, attaque le set tambour battant avec « troubled son » tiré de son dernier album « one man band ». Un titre qui porte bien son nom ce soir puisque Miles se présente seul avec sa guitare. Il ne lui faut pas longtemps pour communiquer au public son énergie habituelle et contagieuse. On a déjà oublié qu’il est seul sur scène avec sa guitare et un controller tellement son charisme et son jeu remplissent la scène du Big Band Café et électrisent le public. Le liverpuldien déroule un set au cordeau en balayant des morceaux de quatre de ses cinq albums. Aux deux tiers de sa prestation, il s’offre une petite pause en mode guitare acoustique enchainant Colour of the trap et Standing next to me des Last Shadow Puppets. On est tous aux anges… Miles nous en remet un coup et termine son set sur les chapeaux de roues, alternant les riffs tonitruants, les mimiques et postures de « rock and roll star », sa gouaille, les solos endiablés et sa voix reconnaissable entre mille.
Au bout d’une heure quinze de concert ébouriffant, Miles quitte le plateau avec le maillot du stade Malherbe de Caen sous le bras, et nous avec la banane jusqu’aux oreilles. Mais la soirée ne va pas s’arrêter là et va prendre une tournure inattendue.
Les balades dans les SMAC de France permettent quelquefois de vivre des moments ou des expériences imprévues. Pour tout dire, nous nous sommes mis dans l’idée d’essayer « d’attraper » Miles après le concert et de lui offrir un petit panier garni de spécialités orléanaises. On compte aussi en profiter pour lui dire de venir jouer à l’Astrolabe, scène qu’il n’a jamais foulée.
Alors que nous attendons le début de la première partie ( Ten Tonnes, frère de Georges Ezra), nous engageons la conversation avec un caennais qui nous dit qu’il a vu Miles Kane la veille à l’hôtel Mercure de Caen. Nous lui expliquons que nous espérons le voir après le concert et lui remettre par la même occasion notre filet garni. Il nous précise que si nous ne le croisons pas, il sera toujours possible de l’attraper le lendemain matin avant le déjeuner. Nous sommes plutôt impressionnés par l’assurance de notre interlocuteur qui en profitera pour nous montrer une photo un peu jaunie par le temps sur laquelle il pose avec Paul Mc Cartney…
Quelques minutes après le terme du concert, nous apprenons par le responsable du bar qu’il n’y aura pas de merch’ car Miles a déjà quitté les lieux pour aller manger sur Caen. La déception est grande et les probabilités de rencontrer notre icône liverpuldienne est proche de zéro. C’est à ce moment que nous apercevons Laurent qui s’apprête à quitter les lieux. En nous voyant la mine déconfite, il nous dit juste : « Bon, j’vous emmène au Mercure voir Miles ? »
Ni une ni deux, nous grimpons dans sa voiture imprégnée par l’odeur tenace de son cocker. Nous arrivons à destination et passons par la porte de service. Visiblement, Laurent connait les chemins détournés par cœur.
En interrogeant le jeune veilleur de nuit, nous apprenons qu’il n’est pas encore rentré. Le bar est désert et fermé, mais gentiment le veilleur de nuit nous sert trois bières. Au bout d’une heure et quart d’une conversation riche en anecdotes musicales, nous entendons des voix anglaises qui approchent.
Miles et son tourneur font irruption. Un peu surpris de nous voir ici à cette heure avancée de la nuit, Miles Kane s’approche de nous tout sourire. Il porte le maillot de Caen et un béret qu’on lui a offert pendant le concert au BBC. En bon fans, nous commençons à lui dire tout le bien que nous pensons de lui et de son œuvre. Nous lui offrons son filet garni de terrines et de bon vin sans oublier de lui préciser qu’il n’est jamais passé à l’Astrolabe, et qu’il serait temps de réparer cette injustice. Sandra et moi lui montrons même la pétition que nous avons faite au sein de l’Astrolabe, un soir, parmi les bénévoles et le public, pour l’inclure dans la programmation.
Sur le champ, il missionne son tourneur de localiser Orléans sur son portable et se dit prêt à venir jouer à Orléans. Puis il se met à fouiller dans son sac de sport pour trouver quelques goodies maison à nous offrir. Après avoir dédicacé mon t shirt et une petite photo souvenir, Miles prend congé sans oublier de lui vanter l’accueil qu’il recevrait s’il débarquait à Orléans. Ses derniers mots sont ceux-ci : « if I come to Orléans, je veux bien pâté et vin ! ».
Set list
Troubled son
Better than that
The wonder
Cry on my guitar
Rearrange
One man band
Inhaler
Coup de grace
Dealer (Lana del rey cover)
Standing next to me (Last shadow puppets song)
Colour of the trap
Never taking me alive
Come closer
Don’t forget about me