Depuis leurs débuts fracassants avec The Cold Vein, Cannibal Ox sont embarqués dans une odyssée qui dépasse le simple cadre du rap. Comme les Stooges en leurs temps, Vast Aire et Vordul Mega font de la musique car il n’y a pas d’autre choix, pas d’autre voie. L’art et la vie sont inextricables : c’est brutal, féroce, sale, irrémédiable. Nulle posture bourgeoise ici, rien d’autre qu’un élan impérieux, intransigeant comme une lame acérée qui transperce la nuit de Harlem et dévore l’échine.
“De Joy Division, né dans le Manchester de la fin des années 70, à Cannibal Ox, perdu dans le New York fripé de 2001, il y a le même crissement vital, le même souffle métallique et froissé qui traversent la musique. Il y a aussi le même amour pour les beats monstrueux, les mélodies frêles et les basses qui secouent l’estomac”, écrivait Joseph Ghosn dans Les Inrockuptibles au moment de la sortie de leur premier album. Vingt ans plus tard, les correspondances et les échos demeurent, et Cannibal Ox sont toujours aussi modernes qu’intemporels.