Révélé en 2013 sur fond d’extrême positivisme avec « Yes !» (paru chez Kythibong), c’est l’air déboussolé que Binidu revient aujourd’hui avec « Nouvel Ancient ». Contrairement à son prédécesseur, les chemins ici sont quasi toujours détournés, on y mêle constamment le chaud et le froid. Il y a une dimension apocalyptique dans cet affrontement, le calme n’est jamais apaisant, la solitude est trop bruyante et la complexité est trop évidente. Seul le discours est clair, directe comme pour être en rupture avec ce qu’il dénonce.
Le trio se tourne vers les musiques les plus aventureuses, free-rock, krautrock, musiques minimales, ambient, sans citations, sans ornements, en étant toujours au service de la chanson. Ce format désuet, tellement simple qu’il peut en devenir bête ou merveilleux comme ici où elle est malaxée telle de la pâte à modeler entre dissonance et lignes claires, étirées entre un synthé cold et des percussions vibrantes, et toujours incarnée par ce chant aérien, lui aussi régulièrement traficoté comme pour le vider de sa substance humaine.